POURQUOI ASSUMER SA NATURE DISRUPTIVE EST-IL UN ACTE PROFONDEMENT KIND ?

Tools and Practices Mar 4, 2021

                                     
ABSTRACT IN ENGLISH
Disruptors are very specific minds. They love business but they do not create in the first instance for the bottom line or their customers satisfaction. They live to create an exciting work of art, that comes from their transgressive and deepest inner self and that is here to shake paradigms and bring new and powerful meanings to the world. The issue is that Disruptors often misjudge themselves because of their alienness to the norms. They tend to think they are some kind of evil who needs to be corrected. That they are either monstrous or crazy. My job is to help them to fall in love with their disruptive nature and to create with their disruptive genius (aka their monster and their madness) instead of leaving it locked in their shadow.

I believe this is a deep act of kindness for 3 main reasons :
- Disruptors stop their war with themselves and stop living in a state of frustration and existential crisis;
- They create with their true genius and their true gifts;
- Their innovative work of art and their business create great value to their stakeholders.

THE AUTHOR
As a corporate coach, Hélène helps entrepreneurs and leaders to set their disruptive genius free and to shape their business in order to create an exciting work of art. How does she transform leaders and their business ? She connects them to their deepest inner truth, the one that both activates their professionnal libido and scares them to the bones : their monster and their madness. More on her website : www.truthteller.fr


Je travaille avec des Disrupteurs[1]. Des personnes avec un état d’esprit très particulier.  Elles aiment le business, le voient comme un jeu mais ne créent pas pour la bottom line (le résultat financier) ou pour la satisfaction de leurs clients. Ces deux dimensions sont des conséquences de leurs actions, et non l’objectif principal.
Les Disrupteurs créent car ils portent en eux quelque chose de bouillonnant, de génial à faire sortir. Ils sont là pour apporter du nouveau, puissant et extrêmement créateur de valeur, dans le champ de conscience actuel. Ils créent, en puisant dans leur monde intérieur, ce que j’appelle leur Œuvre.
Leur OEuvre est porteuse de messages transgressifs car elle se fonde sur des principes racines extrêmement différents du reste de leur marché. Ils voient X quand la très grande majorité voit Y. Et ils savent que X est beaucoup plus transformatif et puissant que Y. Leur OEuvre est donc à terme la matérialisation d’un nouveau paradigme, qui redéfinit la frontière entre le possible et l’impossible, le connu et l’inconnu. Le problème, c’est que cette OEuvre, dans ses axiomes et son contenu, est tellement alien aux pratiques actuelles, qu’elle s’avère pour qui la porte délicate à assumer dans sa pleine mesure à l’extérieur.

Ce que j’ai découvert au fur et à mesure de mes recherches, c’est que ces Disrupteurs, pour une part significative d’entre eux, ne s’aiment pas beaucoup. Pire, ils refreinent une partie de leurs aptitudes et de leurs idées transgressives. Et ce, essentiellement par peur de la déviance à la norme. Par peur de passer pour monstrueux et fou. Et de terminer seuls dans la forêt à l’écart du monde. Ils brident leur génie et la puissance de leur OEuvre car ils croient qu’ils ne seront plus en lien avec leur environnement, qu’ils vont se faire punir ou rejeter, s’ils osent faire pleinement leur coming-out sur leur nature et leurs convictions. Par conséquent, ils cachent – à eux-mêmes tout d’abord et au reste du monde ensuite – une énorme partie de leur potentiel.
Mon boulot, c’est de les aider à s’y reconnecter. Et je crois que c’est un acte d’amour. Pour soi d’abord. Et pour le reste du monde ensuite. Alors, pourquoi le fait d’assumer sa nature disruptive et d’enfin oser sortir son OEuvre de ses entrailles est-il un acte profondément kind ? Trois raisons à cela.

Créer à partir de sa nature disruptive, c'est sortir des crises existentielles et de la frustration
La première, c’est qu’elle vous permet, si vous avez ce profil disruptif, de vous réaliser et de sortir de crises existentielles à répétition. De la frustration lancinante. Pour vous, jouer selon les codes en vigueur est drainant énergétiquement. Créer dans un cadre pré-établi est tout simplement trop dense pour vous. Vous vous épanouissez dans l’exploration de l’inconnu, de la frontière. Vous êtes en quelque sorte un schumpétérien[2] permanent engagé corps et âme dans ce processus chaotique de destruction-création. En assumant votre nature disruptive et en commençant à véritablement créer votre OEuvre à partir de votre monde intérieur – aussi transgressif et par conséquent effrayant soit-il –, vous mettez fin à une longue et illusoire quête. Celle de trouver un cadre qui vous convienne enfin. Celle d’enfin réussir à vous épanouir dans les normes existantes. Au lieu de chercher le sens, l’amour de soi et la validation à l’extérieur de vous, le Business as an Exciting Work of Art (l’Œuvre) vous incite à plonger dans votre intériorité pour aller chercher vos convictions profondes, vos insights géniaux.
Ainsi, j’amène mes clients à créer leur OEuvre depuis leurs grandes questions existentielles. Ces questions existentielles sont le fuel, le ferment de votre créativité. Si ces questions vous habitent – encore et toujours à l’âge adulte – c’est pour une raison évidente. Ça n’est pas – comme vous avez pu le croire – que vous êtes un taré obsessionnel qui aime couper les cheveux en quatre… C’est parce que vous n’avez pas trouvé de réponse satisfaisante à l’extérieur de vous, dans le champ de conscience actuel. Et que c’est donc à vous d’oser formuler vos propres réponses. Vos grandes questions existentielles correspondent à ce que j’appelle des Hypothèses Dingues, autrement dit inatteignables et invérifiables en l’état. Votre boulot, à travers votre OEuvre, c’est d’aller les vérifier, d’aller les incarner. En bâtissant votre business sur ce que vous avez de plus existentiel en vous, vous lui donnez (et vous vous donnez) un socle en béton armé. Des fondations inébranlables. Quand vous êtes dans votre OEuvre, vous appréhendez votre business avec une énergie très particulière : vous savez que c’est que ce que vous allez explorer et développer pour le reste de votre vie quand bien même vous seriez votre seul disciple. Car vous ne vous voyez tout simplement pas faire autre chose. Vous n’en avez tout simplement pas le désir. Ce qui s’avère extrêmement apaisant et énergisant car vous avez une ligne directrice claire et cohérente, indépendante des circonstances extérieures. Au lieu de vous adapter à votre marché et de vous essouffler à courir après la dernière mode, vous créez votre marché.
Qu’ils soient dans le secteur du recrutement, de l’art de vivre ou du coaching, mes clients créent en conscience depuis leurs questions existentielles et leurs Hypothèses Dingues. J’ai moi-même développé Truth Teller, mon business, à partir de mes questions existentielles. Je vous en partage, pour le plaisir, quelques-unes : « Comment sort-on de la caverne de Platon ? », « Qu’est-ce que la réalité ?».

Ces questions existentielles, je les ai transformées en Hypothèses Dingues : « Nous devenons libres en mettant à mort méthodiquement notre humain terrifié. C’est ainsi que nous touchons à notre nature de pur créateur. Celle qui nous rend capables d’accomplir des miracles, de créer l’inimaginable. » Elles guident pour partie ce que je développe aujourd’hui comme solutions, outils et méthodes de coaching.

Assumer sa nature disruptive est un acte d'amour envers soi-même

La seconde raison, c’est qu’assumer votre nature disruptive et créer à partir d’elle est un profond acte d’amour vis-à-vis de vous-même. Vous vous aimez pour ce que vous êtes vraiment au lieu de vous consumer à être quelqu’un d’autre. Vous créez à partir de l’intégralité de ce que vous êtes. Vous cessez de vivre en étant coupé de parts de vous qui vous hurlent depuis des années « Laisse-moi sortir ! » et que vous maintenez dans l’ombre à grand renfort d’autocontrôle énergivore.
Pourquoi ? Parce que vous avez peur de la déviance à la norme que pourrait constituer l’usage décomplexé de vos facultés et idées hors normes. La transgression vient réveiller en vous des angoisses reptiliennes : « Est-ce que je ne vais pas finir brûlé sur un bûcher ou tout seul dans la forêt rejeté par le monde extérieur si j’assume pleinement ce que je porte en moi ? ». « Est-ce que je ne vais passer pour fou si j’exprime mes idées et mes talents non conventionnels ? ». Ce sont ce genre de craintes qui vous retiennent d’exprimer pleinement votre OEuvre, de créer avec vos véritables talents. Qui n’ont rien à voir avec un référentiel de compétences génériques. Vos aptitudes géniales sont extrêmement précises, extrêmement individualisées. Elles mobilisent l’intégralité de votre être : elles sont à la fois kinesthésiques[3], mentales, émotionnelles.

Ces talents et idées hors normes se retrouvent alors refoulés dans ce que j’appelle le Monstre et le Fou. Le Monstre correspond aux aptitudes, comportements et préférences que vous avez codés cérébralement comme étant « horribles » [4], « dégueulasses »[3] et « immoraux »[3]. Le Fou quant à lui renferme ces talents et insights que vous réprimez pour ne pas avoir l’air d’un « pauvre type complètement taré »[3].
Quand vous regardez enfin votre Monstre et votre Fou pour ce qu’ils sont vraiment, c’est-à-dire des composantes de votre génie, vous en terminez avec cette guerre des tranchées entre votre moi de surface qui se conforme par peur et votre moi profond qui a ce désir viscéral de s’exprimer, de créer pleinement. C’est la fin de la distorsion, de la dissonance. Au lieu d’être terrifié par votre Monstre et votre Fou et de les enfermer à double tour dans un coffre aux tréfonds de vous-même, vous jouissez de développer votre univers en mobilisant avec fluidité ces facultés et ces idées. Un de mes clients a par exemple compris que derrière son monstrueux « OVNI inhumain » se cachait en réalité « l’être qui repousse les limites de la conscience humaine »[5]. Autrement dit, sa capacité visionnaire à sentir et créer le monde de demain. Cette prise de conscience l’a amené à décider de repositionner sa fonction de PDG vers ce qui est sa zone de génie et de jouissance : la vision, l’innovation, la création. Il a aussi a réalisé que derrière ce qu’il appelait sa « Bipolarité »[3] se cachait un mécanisme créatif bien particulier : celui d’associer des polarités contraires pour créer de l’harmonie et de l’équilibre. Il a notamment transposé cela dans la façon de penser l’organisation de son entreprise.
Mes clients font donc la paix avec ce qu’est vraiment leur « sadique nihiliste » [3], leur « tueur clinique » [3], leur « violeuse intrusive » [3], leur « misanthrope » [3], leur « schizophrène » [3] ou leur « illuminé perché» [3]. Ce faisant, ils s’aiment pour ce qu’ils sont vraiment. Ils ont compris dans leur chair que leur Monstre qui les terrifiait tant n’est pas monstrueux et que leur Fou est leur façon d’être sain. Et ils créent à partir d’eux et non plus sans eux ou contre eux.

Assumer de créer avec sa nature disruptive, c'est créer une valeur incroyable pour l'extérieur

La troisième raison, c’est qu’en assumant de créer avec votre nature disruptive, vous créez une valeur incroyable pour l’extérieur (clients, fournisseurs, partenaires). Votre OEuvre est dans son essence profondément transformative. Vous apportez du nouveau, vous élargissez le champ de conscience et offrez des réponses à des enjeux qui n’étaient pas adressés – ou en tout cas pas de cette façon – par le marché.
En assumant leur Monstre et leur Fou, en créant de plus en plus pleinement depuis leur génie disruptif, mes clients construisent (ou donnent de l’ampleur à) des mondes nouveaux, fondés sur des axiomes différents de la norme du marché. Cela peut être une nouvelle façon de penser la réalisation de soi et l’accompagnement à la création (secteur du coaching). Une nouvelle manière de comprendre la personnalité et de recruter (secteur du recrutement). Ou encore un nouvel art de vivre (secteur de la restauration). Et ils le font avec amour et intégrité. Car, dans la vision du Business as an Exciting Work of Art que je défends, il s’agit de créer le monde que vous voulez voir en ce monde. Et, pour créer le monde que vous voulez voir advenir, vous devez commencer par l’incarner pour vous-même. Principe que je commence par m’appliquer à moi-même ! J’ai coutume de dire à mes clients qu’il n’y a rien que je leur fasse faire que je n’ai conscientisé et débloqué pour moi. Je me hacke moi-même, en quelque sorte. C’est une partie intégrante de mon développement personnel et de ma R&D. Car c’est ainsi que je peux comprendre finement certaines problématiques et modéliser des protocoles de coaching. En résolvant d’abord pour moi ces enjeux et ces difficultés. Sinon, j’aboutis à ce que j’appelle « the blind leading the blind ». Un business incantatoire, fait d’injonctions, de projections de nos enjeux non résolus sur autrui, de théories mentalisées.
In fine, créer son OEuvre revient à sortir de terre un système-monde extrêmement cohérent, précis et incarné où les parties prenantes qui le désirent viennent librement une expérience jouissive et transformative. Votre OEuvre est une sorte de planète au milieu d’un cosmos, d’une foultitude d’autres planètes, que l’on vient visiter à sa guise, en acceptant pleinement le paradigme proposé. C’est pour cela que le fait d’être pleinement dans son OEuvre fait sauter la notion de concurrence.
En Art, il n’y a aucun sens à mettre en concurrence Rodin et Picasso. Chanel et Saint-Laurent. Camus et Montherlant. Nieztsche et Sartre. En tant que bénéficiaires de ces expériences, nous sommes sur de la préférence brute. Nous sommes attirés par tel créateur, tel artiste. Et cela ne dit rien de l’attrait d’un autre créateur ou d’un autre artiste. Par conséquent, au lieu de mettre votre énergie dans un marketing guerrier ciblé sur la conquête de parts de marché, vous mettez votre énergie dans le fait de pousser votre oeuvre à son maximum, d’aller aussi loin que vous pouvez aller dans son exploration et sa construction. Ce qui vous amène de plus en plus à vivre dans le fameux Océan Bleu décrit par Kim & Mauborgne.
C’est ce que j’appelle créer depuis un espace de paix et d’amour (Espace de Création) et non plus depuis un espace de peur, de guerre ou de manque (Espace de Réaction).

Et tout cela, croyez-moi, c’est sacrément kind !

L’AUTEUR

En tant que coach d'entreprise, Hélène Macaire aide les entrepreneurs et les dirigeants à libérer leur génie disruptif et à façonner leur entreprise afin de créer ce qu’elle appelle une Œuvre passionnante et excitante («An exciting work of art»). Comment réussit-elle à transformer les dirigeants et leurs business? Elle les connecte à leur vérité intérieure la plus profonde, celle qui à la fois active leur libido professionnelle et les effraie jusqu'à l'os : leur monstre et leur « folie ». Plus d'informations sur son site web : www.truthteller.fr


[1] (NDLR) Les mots en italiques et précédés d’une majuscule sont des termes issus du modèle de coaching d’Hélène. Il font parties intégrantes de l’univers si particulier qu’elle a su développer pour apporter une approche de l’accompagnement cohérente.
[2] (NDLR) Joseph Schumpeter (1883-1950), autrichien naturalisé américain, fut professeur de sciences politiques et d’économie, notamment à Columbia puis Harvard. En Autriche il fit la connaissance du sociologue Max Weber avec qui il dirigea les Archives Pour Les Sciences Sociales.  Il s’est affranchit du dogme néoclassique pour s’intéresser aux lois du changement économique et au rôle de l’entrepreneur. Il a particulièrement marqué son époque pour sa théorie de la  « destruction créatrice » apportée par l’introduction de nouveaux produits sur le marché.
[3] La kinesthésie est le Sens du mouvement; la forme de sensibilité qui, indépendamment de la vue et du toucher, renseigne d'une manière spécifique sur la position et les déplacements des différentes parties du corps.
[4] (NDLR) Citations ou appellations données par des clients d’Hèlène Macaire destiné à illustrer le propos ou termes qu’elle utilise elle-même dans son processus de maïeutique car c’est comme ça que c’est encodé dans l’imaginaire individuel et collectif.
[5] (NDLR) Reformulation de la problématique ou prise de conscience faisant suite au travail de coaching engagé.

Allen Vernier

I have a dream: together we can create a better, healthier and wealthier world. It's very simple: business and life is about People and we all have great talents and some bravery.

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